Entre les menaces de guerre commerciale, l’instabilité politique et la remise en question de politiques établies de longue date, le Canada fait face à un avenir incertain et tumultueux. Dans ce texte, Richard Rooney, cofondateur de Burgundy, s’interroge sur les moyens dont le pays dispose pour relever ces défis, en revisitant son histoire, sa politique et son positionnement sur l’échiquier mondial.
Le président mexicain Porfirio Díaz soupirait autrefois : « Pauvre Mexique, si loin de Dieu, si proche des États-Unis. » Jusqu’ici, jamais le Canada n’avait eu lieu de faire écho à cette lamentation. Nos relations avec l’Amérique ont toujours été plus courtoises, plus équilibrées, plus mutuellement avantageuses que celles entre le Mexique et son voisin du Nord. Aujourd’hui, pourtant, nous nous retrouvons à ramer dans la même galère.
Et nous paraissons bien peu préparés pour cette traversée. Le pays est divisé et sans capitaine. Nos finances sont anémiées. Notre dépendance économique aux États-Unis est presque absolue. Notre voisin, autrefois bienveillant, nous traite désormais avec une désinvolture proche du mépris. Et dans le concert des nations, nous mesurons l’inconfort d’un silence inattendu.
Pour la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale, être Canadien va exiger de véritables sacrifices. L’avenir s’annonce rude, et rien ne garantit que notre pays ait encore la volonté de s’unir face à une hostilité économique et politique grandissante de la part de son plus grand client et fournisseur.
Et pourtant…
Dans ses écrits, le politologue et théoricien de la gestion Peter Drucker affirme que, dans toute organisation, les dirigeants savent précisément ce qu’il faudrait faire pour en améliorer radicalement la performance. Hélas, la tâche est trop ardue, trop douloureuse. Souvent, ce n’est que sous la contrainte d’une crise qu’on accepte de s’y atteler.
Le Canada se trouve aujourd’hui à ce carrefour. Notre nation est un assemblage hétéroclite, tissé de compromis et d’arrangements destinés à contenter tout le monde, sans jamais pleinement satisfaire personne. Mais il arrive qu’un consensus jadis fonctionnel devienne caduc et doive être révisé ou abandonné.
À la fin des années 1980, nous avons tourné la page de l’économie de filiales héritée de l’après-guerre pour embrasser le libre-échange continental. Les années d’ajustement ont été douloureuses, mais elles ont mieux préparé le pays à l’ère de la mondialisation entre 1995 et 2015. L’assainissement des finances publiques a été mené à bien, mais la croissance qui en a résulté, bien que positive, n’a guère marqué l’histoire.
L’horizon commande de faire tomber certains piliers intouchables. Tout est sur la table : la gestion de l’offre, les barrières commerciales interprovinciales, l’immigration et les réfugiés, la défense et la sécurité, la diversification du commerce, la fiscalité. Autant de fruits mûrs à portée de main pour des réformes attendues, certaines s’imposant avec une évidence qui ne souffre plus d’atermoiements.
Mais la conjoncture politique actuelle est précaire. Un Parlement prorogé, un Premier ministre en sursis, une succession imminente, un gouvernement dont la date de péremption est largement dépassée et une opposition qui flaire le sang, avide de précipiter les élections.
Mon estimé ami Prem Watsa, de Fairfax Financial, a une maxime précieuse : « Tout devient possible lorsque personne ne se soucie d’en récolter les lauriers. » Un principe que nos élus gagneraient à méditer.
Il existe une devise typiquement canadienne, aussi discrète qu’éloquente. Sur le ruban rouge de nos armoiries, on peut lire Desiderantes Meliorem Patriam. Tirée de l’Épître aux Hébreux de saint Paul—rédigée en latin pour préserver l’unité linguistique du pays—elle signifie : « Ils désirent une patrie meilleure. »
Rien de grandiloquent, rien d’excessif, juste une aspiration à améliorer ce qui peut l’être. Une attitude typiquement canadienne.
La crise commerciale actuelle ouvre une brèche, une opportunité rare d’accomplir ces changements ardus, mais nécessaires pour bâtir un Canada plus résilient.
Alors, vous qui aspirez au pouvoir, croyez-vous encore en cette devise ? Si oui, il est temps d’abandonner l’hésitation. Choisissez quelques mesures dans cette liste et mettez-les en œuvre. Ensemble. Rapidement.
Ou bien, demain, il pourrait bien être trop tard pour avoir un pays à sauver.
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