Qu’est-ce qui vous enthousiasme? Qu’est-ce qui vous inspire? Qu’est-ce qui vous brise le cœur? La Dre Sharilyn Hale vous encourage à réfléchir à ces questions pour choisir la cause caritative qui vous convient le mieux. Dans cette conversation avec Angela Bhutani, gestionnaire de portefeuille, la Dre Hale rappelle les grandes questions dont les particuliers et les familles doivent tenir compte pour définir leurs objectifs en matière de dons de bienfaisance, tout en discutant de l’influence croissante des femmes dans l’évolution de la philanthropie moderne.
Angela Bhutani : Pourquoi est-il important que les femmes soient engagées dans des activités philanthropiques, et ce de manière réfléchie?
Dr Sharilyn Hale : Les femmes ont toujours été à l’avant-garde de la philanthropie; elles se mobilisaient pour le changement social en donnant de l’argent, en collectant des fonds et en organisant le bénévolat. Nous sommes redevables aux femmes qui nous ont précédées et qui ont contribué à façonner les collectivités, les pratiques et les lois dont nous profitons aujourd’hui. Il y a encore beaucoup à faire. Il est donc plus important que jamais que les femmes s’intéressent à la philanthropie.
De plus en plus, les femmes sont créatrices, bénéficiaires et héritières de patrimoine (héritant souvent de leurs parents ou d’un conjoint). Elles ont une responsabilité croissante dans la prise de décision concernant la gestion et l’affectation du patrimoine, ce qui renforce leur capacité philanthropique et leur influence, avec à la clé une incidence positive sur la société. Le fait de reconnaître la valeur de la philanthropie fait partie intégrante de la gestion globale d’un patrimoine. Grâce à la planification, les femmes peuvent explorer des manières judicieuses d’utiliser leurs fonds.
« Reconnaître la valeur de la philanthropie fait partie intégrante de la gestion globale d’un patrimoine. Grâce à la planification, les femmes peuvent explorer des manières judicieuses d’utiliser leurs fonds. »
J’ai observé que, pour de nombreuses femmes, la philanthropie peut aussi devenir une plateforme importante lors de changements et de transitions dans leur vie, comme le décès d’un conjoint, un divorce ou la vente d’une entreprise. Ce sont des moments où nous avons tendance à nous arrêter et à nous demander : « Qu’est-ce qui est important pour moi? Et qu’est-ce que cela signifie dans mon cheminement? » La philanthropie peut être source de nouveaux objectifs, de sens et de satisfaction, et apporter de nouvelles dimensions à la vie et au leadership.
AB : Les femmes abordent-elles la philanthropie différemment des hommes?
SH : Des recherches au Canada, soutenues par des données à l’échelle mondiale, suggèrent que les femmes s’engagent dans la philanthropie différemment. Nous avons tendance à donner de manière plus collaborative et à être davantage liées à nos collectivités, en préférant soutenir des causes locales, des services sociaux et des causes liées aux enfants. Les femmes ont également tendance à prendre plus de temps avant de prendre de grandes décisions en matière de dons de bienfaisance, car elles préfèrent procéder à des vérifications préalables plus rigoureuses et établir des relations avec les organisations qu’elles soutiennent.
Toutefois, elles ne constituent pas un groupe homogène. Les résultats des recherches sur la philanthropie des femmes montrent des variations selon l’âge, l’origine ethnique, le niveau d’études et le clivage entre les zones urbaines et rurales. Pour autant, de grands thèmes émergent qui nous aident à mieux soutenir les femmes dans leur processus de planification et de prise de décisions en matière caritative, et à encourager encore plus les dons et l’engagement des femmes.
AB : Lorsqu’une personne entame un nouveau parcours philanthropique, quelle est la première question qu’elle doit se poser?
SH : Ma première question est toujours : « Pourquoi? » Cela ancre votre don dans une raison d’être qui dirige ensuite tout le reste. Quel est le but sous-jacent du don? Quelles sont vos aspirations en matière de don, pour vous-même, pour votre famille et pour votre collectivité? D’où vient le désir de donner, et quelles valeurs vous guideront?
Avec ou sans conseiller en philanthropie, le fait de prendre le temps de réfléchir au « pourquoi » qui se cache derrière vos dons peut être inspirant et amusant, que vous soyez un néophyte en matière de philanthropie formelle ou un philanthrope chevronné souhaitant changer de cap ou approfondir son expérience. Cette exploration peut vous aider à définir la mission et la vision de vos dons, ainsi qu’à articuler les valeurs qui vous guideront pour progresser, aller vers les autres et prendre des décisions.
AB : Lorsque vous avez déterminé les objectifs de vos dons, quelle est la question suivante?
SH : La question qui suit consiste à définir le « quoi ». Que voulez-vous soutenir et quelle stratégie permettra d’y parvenir? Peaufiner cette question peut aider à être plus précis, en particulier en l’absence de passion ou d’alignement immédiat avec une cause ou un problème précis.
J’invite les personnes qui veulent faire le bien dans le monde, mais qui ne savent pas trop où porter leurs efforts, à réfléchir aux émotions qu’elles ressentent lorsqu’elles lisent ou entendent les nouvelles. Qu’est-ce qui vous enthousiasme? Qu’est-ce qui vous inspire? Qu’est-ce qui vous brise le cœur? Qu’est-ce qui vous met en colère, ou vous fait ressentir un sentiment d’injustice? Ces réponses peuvent vous donner des indices sur ce qui compte le plus pour vous. Le fait de connecter vos sentiments à vos dons peut aider à surmonter le sentiment de désarrois ou d’impuissance face à l’état du monde. Vous pouvez réagir d’une manière qui a du sens plutôt que de baisser les bras de désespoir. La philanthropie n’est pas seulement l’affaire du donateur. Les meilleurs dons sont profondément inspirés par les besoins et les occasions de la collectivité et ils y répondent.
« Le fait de connecter vos sentiments à vos dons peut aider à surmonter le sentiment de désarrois ou d’impuissance face à l’état du monde. Vous pouvez réagir d’une manière qui a du sens plutôt que de baisser les bras de désespoir ».
Le deuxième élément du « quoi » consiste à déterminer ce que nous avons à donner. Nous pouvons donner notre richesse financière, bien sûr, mais nous pouvons aussi donner notre temps et notre talent, c’est-à-dire nos compétences et notre expertise. Nous pouvons partager nos liens, notamment nos réseaux ou nos relations, ce qui pourrait ouvrir des portes ou nous amener à devenir un ambassadeur. Et nous pouvons témoigner, ce qui implique d’utiliser notre voix pour défendre des causes. En comprenant quels sont tous les atouts que nous pouvons exploiter pour faire le bien, nous pouvons tirer parti de tout ce qui est à notre disposition.
AB : Passons maintenant au « qui » de notre planification. De qui les femmes et les familles doivent-elles tenir compte?
SH : Il est essentiel de déterminer qui sera impliqué dans la donation et qui apportera son aide au donateur. Le « qui » pourrait tout simplement être « moi », si vous définissez votre philanthropie de manière individuelle, ou « nous », si elle est définie collectivement avec un partenaire ou une famille. Les deux approches entraînent des répercussions sur la stratégie et la prise de décisions.
« Qui? » peut être une question intéressante pour les femmes qui font souvent partie d’écosystèmes étendus. Certaines peuvent s’engager dans la philanthropie avec tout leur pouvoir, toute leur présence et toute leur influence personnelle. D’autres peuvent être dans des relations dans lesquelles elles ont peu de pouvoir décisionnel ou dans lesquelles il leur est difficile de sortir de l’ombre d’un créateur de richesse. D’autres encore peuvent mettre en œuvre leur philanthropie en impliquant des amis proches ou en œuvrant au sein de cercles de donateurs ou de collaboration.
Les familles doivent se demander qui participera à la philanthropie familiale, en particulier les familles complexes et multigénérationnelles. Comment structurer les dons de façon à respecter les intérêts, l’âge et les étapes de la vie des membres de la famille? Comment permettre aux membres de la famille de s’impliquer d’une manière qui a du sens pour eux, tout en leur offrant des voies d’entrée et de sortie pour garantir la clarté, la transparence, et un renouvellement et un leadership continus? Les familles sont des organismes vivants en constante évolution par le biais des mariages, des naissances, des décès et des changements générationnels. Et plus la famille est complexe, plus la question de savoir qui participe, et selon quels critères et responsabilités, devient importante.
Le second versant du « qui » est lié aux autres expertises qui peuvent être nécessaires pour soutenir la qualité des dons et des prises de décision, ainsi que la solidité des liens avec la collectivité. Les familles qui font des dons par l’intermédiaire d’une fondation privée souhaiteront peut-être nommer des administrateurs qui ne font pas partie de la famille, pour apporter une expertise du sujet ou améliorer les délibérations; elles pourraient embaucher un conseiller en philanthropie ou des professionnels, et pour certaines, travailler avec des conseils consultatifs ou des ressources de fondations communautaires.
AB : Qu’en est-il de l’engagement philanthropique des enfants?
SH : C’est souvent une priorité pour les femmes, mais aussi pour la plupart des parents et des grands-parents. Je crois qu’il n’est jamais trop tôt pour exposer les enfants à des activités de dons et les impliquer dans celles-ci. J’ai parlé à d’innombrables philanthropes et personnes généreuses au fil des ans. Bon nombre d’entre eux ont indiqué que leur désir de donner et de s’impliquer dans la communauté était né des graines semées tôt par leurs parents, leurs grands-parents ou d’autres personnes influentes dans leur vie. Bien sûr, la participation doit être adaptée à chaque âge, mais les premières expériences peuvent être instructives, car elles donnent aux enfants un aperçu d’un monde qui dépasse le leur et une idée de la responsabilité que nous avons tous de donner et d’aider lorsque nous le pouvons. Même des enfants assez jeunes sont capables de trouver des façons d’être utiles et gentils, et de changer les choses.
Abordée judicieusement, la philanthropie d’une famille peut également jouer un rôle dans l’éducation au patrimoine et le développement du leadership des enfants plus âgés et des jeunes adultes. Le fait d’avoir des conversations sur les dons et les valeurs familiales, d’explorer les enjeux de société, de participer à des réunions et à des prises de décisions organisées, et même d’apprendre à établir des budgets et à lire des états financiers peuvent être des expériences inestimables.
AB : En tant que conseillers en placement, nous sommes souvent associés à l’étape de la question suivante : le « comment » des dons. Qu’est-ce que cela implique?
SH : La question du « comment » est la dernière que nous explorons, car il est plus facile d’y répondre une fois que l’on connaît le « pourquoi », le « quoi » et le « qui ». Les conversations sur les aspects tactiques des dons portent souvent sur l’efficience fiscale. Les recherches nous ont appris que l’efficience fiscale n’est pas une motivation essentielle à la philanthropie, en particulier pour les femmes philanthropes, mais qu’elle est un facteur important. Par exemple, donner des titres qui se sont appréciés est l’un des moyens les plus fiscalement efficients de faire un don de bienfaisance, ce qui permet aux donateurs de donner plus et d’obtenir de meilleurs résultats.
Les personnes généreuses demandent souvent quel instrument de bienfaisance leur conviendra le mieux. Les fondations privées et les fonds de dotation offrent tous deux des caractéristiques et des avantages intéressants, selon la situation de la famille, le temps et le montant d’actifs de bienfaisance qu’elle souhaite investir, ainsi que les objectifs à long terme de la philanthropie. Les fonds de dotation ont connu une croissance importante au Canada ces dernières années en raison de l’amélioration de leur disponibilité et de leur commodité pour les donateurs. Pour les autres donateurs, les fondations privées restent l’option privilégiée. Traditionnellement, les organismes philanthropiques étaient constitués pour exister à perpétuité, ne distribuant qu’un faible pourcentage des actifs chaque année, ce qui entraînait une croissance des actifs sur plusieurs générations. Bien que cette approche demeure courante, de plus en plus de philanthropes en remettent en question les avantages – comme nombre de personnes du secteur communautaire –, et certains choisissent plutôt de faire des dons de bienfaisance plus rapidement ou sur une période définie. Toutes ces décisions peuvent profiter de conseils avisés et de discussions.
Il existe un autre élément du « comment » qui ne doit pas être négligé : apprendre à être un excellent philanthrope et un bon partenaire caritatif pour les organisations que l’on pourrait soutenir. Les organismes de bienfaisance ont des missions, des ressources, des capacités et des niveaux de professionnalisation très divers, mais ils sont le plus souvent de véritables experts dans leurs domaines. Ayez des conversations ouvertes et franches avec les organisations que vous soutenez pour mieux comprendre leur travail et les défis auxquels elles font face, et pour explorer le rôle que vous pouvez jouer pour les aider et non les entraver. Lisez ce qu’elles vous envoient, participez lorsque vous le pouvez et rencontrez d’autres personnes qui les soutiennent. Vous êtes dans la même équipe et visez les mêmes objectifs.
Ce sont de merveilleux moyens de renforcer vos connaissances et les relations, ainsi que de développer la confiance, ce qui se traduira par des dons plus pertinents et un meilleur impact sur la collectivité. Il ne s’agit pas seulement de vous, mais lorsque vous faites de votre don une expérience significative, votre générosité n’en sera que plus joyeuse la prochaine fois – et tout le monde en profitera.
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